Le fleuve

Je suis allé passer quelques jours à l’Isle verte, la semaine dernière. Je m’étais rendu à quelques reprises dans le coin de Rivière-du-Loup et de Rimouski, mais jamais sur cette charmante petite île. Chaque fois que je pense à mon enfance, je pense à Magog, où je suis arrivé avec ma famille à l’âge de 9 ans. Je revois le lac Memphrémagog sur le bord duquel j’ai grandi. Je réalise que j’ai peu de souvenirs d’avant Magog, des années que j’ai passées à Hauterive, sur la Côte-Nord. C’est là où je suis né. Mon séjour sur cette petite île a fait émerger toutes sortes de souvenirs inattendus auxquels je n’avais jamais repensés. L’Isle Verte ressemble beaucoup au paysage qui ont bercé mes années sur la Côte-Nord. Je me suis rappelé le fleuve. Les berges jonchées d’immenses rochers sur lesquels je gambadais. Les plages désertes au sable ocre nichées entre les caps rocheux. L’eau froide, même en juillet. Le vent toujours frais qui mordait la peau de mon visage et colorait mes joues d’enfant. Le fleuve qui s’étirait devant moi jusqu’à une autre rive, au loin, que je percevais comme une autre planète. Les baleines, les loups marins, les goélands, les canards. C’est ce que l’Isle Verte m’a offert en cadeau; une fenêtre ouverte sur les effluves de mon enfance brodée d’espaces vastes, de lenteur, de nature, d’ennui, d’émerveillement. J’en ferai des tableaux. C’est certain.