Ce documentaire intimiste suit le parcours du sculpteur André Desjardins qui entame la création d’une sculpture monumentale destinée à être installée sur les berges du lac Memphrémagog, lac qui a bercé son enfance et son adolescence. L’artiste nous ouvre la porte de son atelier, niché au cœur de la forêt. Seul, en silence, il sable, frotte, coupe et découpe. Les bruits de la nature se fondent à ceux des outils qu’il utilise. Les saisons passent. Lentement, Libre, un personnage à genou de plus de huit pieds de haut, naît sous nos yeux. Le long processus de création de cette œuvre monumentale est ponctué de moments où l’artiste se livre. Il replonge dans les souvenirs de son enfance marqué par le deuil, la solitude et un besoin inassouvissable de créer.
Fiche technique – documentaire – 55 minutes 30 sec – Couleur – HD – VOF / VSTA
Les Productions Youkali présentent LIBRE avec le SCULPTEUR et PEINTRE André Desjardins – RÉALISATION Hélène Bélanger-Martin – IMAGES Guy Hamelin – MONTAGE Annie Deniel – MUSIQUE ORIGINALE Nicolas Marquis – CONCEPTION SONORE ET MIX Mélanie Gauthier et Daniel Toussaint – ASSISTANTE À LA RÉALISATION Doris Lapierre – POST PRODUCTION Rev13 Films – PRODUIT PAR Ginette Marcotte et Luc Paquet – MISE EN MARCHÉ Virginie Dubois
J’aime les ateliers d’artiste. Cet espace intime, sacré, souvent impénétrable, me fascine. Mon travail de galeriste m’a amenée à en visiter plusieurs et chaque fois, l’expérience a été marquante. Chaque atelier est une fenêtre ouverte sur le mystère, la beauté et l’unicité du geste créatif. Ces visites m’ont toujours permis de mieux comprendre le travail de l’artiste et d’avoir accès à l’humain derrière l’œuvre. Si j’ai aimé tous les ateliers que j’ai visités, mon préféré demeure celui de mon amoureux, le sculpteur et peintre André Desjardins. Dès que l’occasion se présente, je m’y faufile, je m’y terre, je m’y installe, m’y fais toute petite, silencieuse, et j’observe. Ça fait plus de vingt ans que je le regarde travailler et je ne m’en lasse pas. Me laisser bercer par ses gestes et par son souffle. Apprivoiser les odeurs des matériaux qu’il utilise. Écouter le son de ses outils qui se mêlent à ceux de la forêt tout autour. M’émerveiller devant sa patience, sa persévérance, sa curiosité. Le voir douter. Savoir qu’il va recommencer. Me demander comment il peut garder son calme. C’est ce que j’ai voulu capter et transmettre dans ce documentaire.
Ça faisait quelques années qu’André me parlait de son désir de faire une deuxième œuvre monumentale. Je savais que ce projet l’habitait, que le défi l’enthousiasmait. Lorsque notre ami et mécène Luc Paquet lui a proposé de financer le projet, l’excitation était à son comble. L’aventure a pris un tournant très particulier quand André a appris que l’œuvre monumentale serait installée sur les berges du lac Memphrémagog, lac qui a bercé son enfance et son adolescence. Le moteur derrière la création de cette œuvre est devenu très clair : rendre hommage à ce plan d’eau qu’il connaît par cœur et qu’il aime profondément. J’ai alors compris que cette création serait, pour André, un retour vers ses racines, vers son passé et ses souvenirs. Il fallait que cette démarche intime fasse partie du film. J’ai eu envie de creuser, avec lui, pour retourner à la source. La mort brutale de son père alors qu’il était enfant, l’adolescence passée à la maison pour tenir compagnie à sa mère, l’idée de construire une ville miniature, pendant 4 ans, de l’âge de 12 à 16 ans. Se réfugier dans la créativité. Y trouver une île. Ne plus vouloir la quitter. Y être encore aujourd’hui. C’est cette histoire que j’ai voulu raconter. L’histoire d’un artiste pour qui le besoin de créer est inassouvissable.
– Hélène Bélanger-Martin
Nombre de fictions ont abordé le sujet. On pense tout naturellement à Camille Claudel qui relate avec fougue la relation mythique entre le sculpteur Auguste Rodin et sa muse. On pense aussi aux tandem légendaires Roberto Rossellini et Ingrid Bergman ou encore Michelangelo Antonioni et Monica Vitti. Le genre documentaire s’est également intéressé au phénomène. Le »biopic » musical »Leonard et Marianne » de Nick Broomfield, par exemple. Et plusieurs autres. Et généralement, c’est sous l’angle de l’artiste fasciné et inspiré par sa muse. La perspective inverse fait plus rarement l’objet de films. Le point de vue de la muse sur l’artiste qu’elle admire.
Avec LIBRE, Hélène Bélanger-Martin, à la fois cinéaste, muse et conjointe, pose un regard tendre et bienveillant sur l’œuvre de son amoureux, André Desjardins. Forte de cette relation exclusive qu’elle entretient avec lui, la cinéaste nous offre une incursion privilégiée au cœur de la démarche artistique du peintre-sculpteur. Desjardins lui ouvre les portes de son atelier et se livre à la caméra, authentique et sensible.
Une caméra qui flotte dans cet espace-temps quasi-intangible propre à gestation et la fabrication d’une œuvre en devenir. Une lentille qui capte autant les moments inspirés que les moments de doutes et de questionnements.
Composé d’un habile entrelacement d’entrevues intimes, de témoignages fraternels et de souffle créateur, puis porté par le frottement appliqué de la spatule, la caresse d’une brise, les rires complices des réunions familiales et quelques délicats chants d’oiseaux ici et là, Libre révèle, nourrit, éclaire et apaise.
Un film qui nous permet d’accéder aux étapes fascinantes de la création d’une œuvre monumentale.
Un film sans artifice qui fait du bien à l’âme.
– Virginie Dubois